Des voix dans la nuit / Rodéo d'âme

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Après Mémoires vivantes portant sur la mémoire de la Première Guerre mondiale, Rodéo d’âme nous entraîne sur les traces de la Seconde Guerre mondiale à travers les paroles des derniers témoins et les œuvres créées dans les camps nazis et vichystes à l’époque.


            Un bien riche programme, entre février et octobre 2011, en Alsace, pour ce grand cycle intitulé Des voix dans la nuit, initié par la directrice artistique de Rodéo d’âme, Claire Audhuy, qui est aussi auteur et metteur en scène : sa création scénique, Une poignée de terre, retrace et esquisse l’histoire de l’Europe de 1930 à 2030. Mêlant entretiens vidéo avec d’anciens déportés ou prisonniers de guerre, sur une musique originale de Gabriel Mattei, cette pièce jouée par sept comédiens propose une réflexion sur le legs de la mémoire, la responsabilité personnelle, le négationnisme...

+ Interview de Claire Audhuy, directrice artistique du collectif Rodéo d'âme sur Radio Judaïca (diffusé le 9 février 2011)


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            Un collectif engagé, donc, comme toute son équipe, très sensible aux questions d’identité(s), à la construction de l’Europe, œuvrant pour sensibiliser le public à ces dérives de l’histoire. Et de partir sur les routes d’Alsace dialoguer avec lui à travers leurs créations artistiques présentées en milieux urbains et ruraux. Cette dynamique est un autre engagement de Rodéo d’âme, comme celui de la gratuité pour un maximum d’évènements.

 

            Mobilisé, attentif, sérieux et créatif, le collectif Rodéo d’âme jongle entre hier et aujourd’hui, proposant notamment deux expositions. La première, intitulée Les Robes grises, présente à la Médiathèque André-Malraux et pour la première fois les œuvres et manuscrits clandestins  originaux de deux déportées du camp de Ravensbrück : Jeannette L’Herminier et ses dessins, Germaine Tillion et ses billets, recettes et son extraordinaire opérette, Le Verfügbar aux Enfers, rédigée officieusement, cachée dans un carton, à l’insu des nazis. Deux grandes résistantes, à qui Rodéo d’âme donne la parole ici. L’exposition, visible jusqu'au 26 mars (entrée libre), est coproduite par la Bibliothèque nationale et universitaire, les Bibliothèques municipales de Strasbourg et le Musée de la Résistance et de la Déportation (MRD) de Besançon. Rodéo d’âme et ses partenaires publient un catalogue de cette première exposition hors les murs  de Besançon (les œuvres proviennent du MRD), laissant ainsi une trace de ces archives, menacées par le temps et la dégradation.

 

M0335_987-1032-01_60.jpg"La table 12, Ravensbrück, mars 1944"/ © MRD-Besançon

 

            La seconde exposition, Les Yeux mêlés,est l’initiative de trois jeunes artistes engagés : Claire Audhuy, Baptiste Cogitore et Vincent Hanrion. Après avoir recueilli les paroles des derniers témoins du camp de Natzweiler, ils utilisent des supports surprenants pour appréhender cette mémoire et la transmettre au public de nouvelles générations. Design, web, photo, performance vidéo, sont leurs manières à eux d’évoquer cette histoire, « parfois difficile à transmettre » admettent-ils.


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Michel Solyanik revenant pour la première fois devant la cellule où il fut enfermé à la fin du mois d'août 1944

Photo : Rodéo d'âme / ©Vincent Hanrion

  C’est le sujet de la performance vidéo tournée à Strasbourg, insérée dans Les Yeux mêlés. Les trois artistes ont réécrit sur des murs de Strasbourg des phrases d’anciens déportés de Natzweiler. Rendues anonymes, ces phrases semblent comme flotter dans la ville. Et de filmer ensuite la réaction — ou l’absence de réaction tout aussi significative — des passants. Une initiative étonnante, qui inscrit les citadins dans une réflexion sur notre mémoire commune, et qui s’introduit dans nos quotidiens.


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Photo : Rodéo d'âme / ©Vincent Hanrion

          Le cycle Des Voix dans la nuit propose aussi de nombreuses rencontres avec des témoins — à noter la venue de Marie-José Chombart de Lauwe, grande résistante, déportée à Ravensbrück, et Francine Christophe, déportée enfant à Bergen-Belsen —, des chercheurs en histoire contemporaine : Amaury du Closel, chef d’orchestre spécialiste de la musique sous le IIIème Reich, Robert Steegmann, agrégé d’histoire ou encore Claire Auzias, spécialiste de l’histoire des Roms...

 

            Rodéo d’âme crée des passerelles entre les générations, et met en lumière les rouages de dérives que l’on croyait lointaines et oubliées. 

            Enfin, Rodéo d'âme présentera les concerts de musiques de Terezin (cap-ghetto de Bohême occupée par les nazis), soutenus par la Fondation de la Mémoire de la Shoah en coproduction avec le Conservatoire de Strasbourg, les projections vidéos d’archives (film de propagande et film clandestin, tous deux réalisés en 1944) et des lectures d’archives sous forme musicale...

 

            Et pour clore cette année de rencontres et d’échanges, se dérouleront en septembre 2011, sous forme de visites déambulatoires dans le camp de Natzweiler, des lectures des textes de Charlotte Delbo, ancienne déportée à Ravensbrück et Auschwitz. Une autre manière de (re)découvrir le seul camp de concentration de France... et d’appréhender l’histoire aujourd’hui.

 

Du 5 février au 2 octobre 2011 : à Strasbourg, Erstein, Colmar, Cernay, Uffholtz et au Centre Européen du Résistant déporté (ancien camp de Natzweiler, au Struthof).

 

Programme complet sur http://www.rodeodame.fr

 

 


 

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